08 février 2021

Chapitre 1


 

Dix mois plus tôt 

 

 


         Élise et Thibaut s'étaient unis trois ans auparavant.

Ils dirigeaient « Prestige Couture » la célèbre agence de mode fondée en 1968 par Augustin Chatigny, le père du jeune homme et Guy De Langelier, le meilleur ami de ce dernier, fils d'un propriétaire d'un magasin de vêtements de luxe.

   

Ce matin-là, les deux jeunes gens s'éveillèrent très tôt, une importante réunion concernant l'organisation du défilé de présentation pour la nouvelle collection les attendait. Antoine Du Trieux, le styliste à l'indéniable talent allait encore être sur les nerfs. Perfectionniste, il ne supportait pas la moindre erreur de la part de ses collaborateurs ni de la sienne.

Ils s'installèrent sur la petite terrasse devant leur maison pour prendre le petit-déjeuner. La jeune femme ne toucha presque pas à la nourriture.


Thibaut le remarqua, inquiet, il fronça les sourcils, il prit le visage d'Élise dans ses mains et la força à le regarder.
«Chérie, est ce que tu vas bien ?
- Oui, répondit-elle avec un timide sourire, je n'ai pas très faim, c'est tout.
Son mari, la regarda l'air plus inquiet encore.
-Tu en es sûre ?
Une petite averse les fit rentrer dans la cuisine pour terminer leur repas.

 

Thibaut, je crois que tu as besoin de te détendre.
Elle lui massa les épaules.


-Tu me sembles un peu lasse.
- Ce n'est rien, c'est certainement parce que nous avons eu énormément de travail avec cette nouvelle collection.
- Je crois que tu devrais te reposer un peu, lui suggéra-t-il.
- Je t'assure ! Je vais parfaitement bien.
- Je ne veux pas que tu tombes malade, je préfère que tu restes ici  pour te reposer et tu me rejoindras un peu plus tard.
- Mais... Objecta la jeune femme.
- Il n'y a pas de mais, le plus important, c'est ta santé. »


Élise et Thibaut échangèrent un tendre baiser.

 


Quelques heures plus tard, la réunion se termina, celle-ci s'était bien déroulée, la présentation de la nouvelle collection s'annonçait sous les meilleurs auspices. Thibaut quitta la salle le dernier.
Dans le couloir, il vit Alix, sa mère et ancienne styliste de la maison. Il remarqua que cette dernière l'observait avec attention.


« Maman, que fais-tu ici et pourquoi me regardes-tu ainsi ? Aurais-je un énorme bouton sur le nez ?
-Non, il n'y a rien sur ton visage, mais par contre je sais que quelque chose te préoccupe. Je ne pense pas qu'il s'agisse du prochain défilé, je n'ai pas entendu Antoine hurler.
- Non, en effet, tout se présente au mieux pour cela.
- Alors qu'est ce qui te turlupine autant ? Questionna l'élégante sexagénaire blonde.
- C'est Élise, elle n'allait pas très bien ce matin. Elle n'a presque rien mangé au petit-déjeuner.

 

Alix Chatigny fronça les sourcils, l'air inquiet.
-N'avais-tu rien remarqué ces derniers temps ?
- À vrai dire, elle ne me semble pas très en forme depuis quelques jours.
- Elle est peut-être un peu fatiguée, rien de plus. Vous avez eu énormément de travail pour finaliser "rêve d'un soir d'été", sans oublier la grande réception à l'occasion de ton trente-quatrième anniversaire la semaine dernière.
- Et si tout cela cachait un gros problème de santé ! L'autre jour dans un téléfilm ou je ne sais quelle série, il y avait une meuf qui se sentait très mal, comme Élise. Cette fille avait en fait je ne sais plus quelle très grave maladie et en mourait. Et si c'était la même chose pour ma femme ? Répondit vivement l'homme à la chevelure d'ébène.

 

-Thibaut ! Ne dis pas des choses pareilles ! Je suis certaine qu'elle est juste un peu fourbue, répliqua sa mère.
- Mais moi aussi je me suis beaucoup investi dans la nouvelle ligne de notre société. Lors de la méga teuf pour mon anniv j'ai énormément donné de ma personne, je ne suis pas exténué pour autant.
- Élise est jeune et je reste persuadée qu'elle n'a rien de grave, ce qu'elle ressent en ce moment me semble tout à fait normal. Je vais aller lui rendre une petite visite maintenant. Je ne veux pas que tu broies du noir, ton épouse n'est certainement pas atteinte de je ne sais quel mal incurable. Encore une chose, je veux que tu arrêtes d'utiliser des mots de verlan, tu es trop vieux pour cela et tu diriges une grande entreprise. Cela ne fait pas sérieux. " Conclut Alix avant de se diriger vers la sortie.

 


Le jeune patron regarda sa mère s'éloigner. Il s'interrogea sur ce qu'elle lui avait dit concernant Élise. Quel message voulait-elle lui faire passer ?

 


Chez Élise et Thibaut

À présent, la jeune femme se sentait beaucoup mieux, elle avait même très faim, elle but un café au lait et mangea des biscuits pour se rassasier.

 

Un peu plus tard

La jeune femme fut soudain prise d'une nouvelle fringale, elle s'apprêtait à déguster des chocolats lorsque sa belle-mère arriva.
" Bonjour Élise ! Je suis heureuse de vous voir.
- Moi aussi Alix.
- Est ce que vous allez bien ?
- Oui, je vais très bien merci, pourquoi cette question ?
- Thibaut m'a dit que vous étiez bien valétudinaire ce matin.
-Il exagère, je n'étais pas malade, juste un peu fatiguée et barbouillée, mais maintenant ça va, d'ailleurs je vais prendre une autre tasse de café, en voulez-vous un ?
- Je veux bien merci. "

 

Les deux femmes s'installèrent dans la salle de séjour. Élise ne remarqua pas que madame Chatigny l'observait avec attention.
" Il y a longtemps que vous ressentez ces désagréments ?
- Non, pas trop longtemps, mais je ne pense pas que ce soit grave, nous avons eu énormément de travail ces dernières semaines, je n'ai guère eu de temps pour me reposer. Cessons de parler de ce petit problème et dégustons ces chocolats, ils sont divins, je ne cesse d'en manger, j'ai souvent la fringale ces derniers temps."

Un peu plus tard, Alix prit congé de sa belle-fille. Elle se rendit à l'arrêt de bus.

" Je crois savoir ce qui arrive à Élise, " Pensa-t-elle en souriant.





À suivre