22 mars 2021

Chapitre 2 partie 2

 


La jeune femme se rendit à la maison de couture. Il s'agissait d'une somptueuse demeure de pierres blanches. Construite à la fin du XIXe siècle, elle appartenait alors à l'un des descendants de la prestigieuse famille Granbois de Puytargues. Augustin Chatigny l'avait achetée au milieu des années soixante-dix pour y abriter les actuels locaux de l'entreprise, les anciens étant devenus trop petits.

Une jeune femme rousse d'une trentaine d'années se trouvait à l'accueil. Elle s'appelait Eulalie Cadieux. Elle occupait ce poste de standardiste depuis six mois. La précédente, Clarice Miron, une brune siliconée d'une petite vingtaine d'années qui parlait très mal anglais n'était restée qu'un mois. Elle usait également de ses charmes pour tenter de séduire ses collègues masculins, ce qui déplut fortement à Thibaut et Rémy. Elle fut licenciée au bout de sa période d'essai. Eulalie était une jeune femme discrète, voire timide et pas particulièrement belle, mais contrairement à Clarice, elle faisait correctement son travail et maîtrisait parfaitement la langue de Shakespeare

 

" Bonjour Eulalie, est-ce que mon mari est revenu de son rendez-vous avec monsieur Cotuand, notre fournisseur de soie ?
- Bonjour madame Chatigny, je ne l'ai pas vu depuis son départ, mais peut-être est-il rentré pendant ma pause déjeuner. Vous devriez demander à Virginia, elle saura vous dire ce qu'il en est.
- Très bien, merci, je vais voir à notre bureau."

 

Lorsqu’ Élise monta à l’étage, elle ne trouva personne dans leur bureau 

Elle alla trouver Virginia Bowden, l'assistante de direction. Une jeune femme aux longs cheveux noirs vêtue d'une élégante robe en velours bleu nuit et dentelle noire, travaillait sur son ordinateur. Cette jeune américaine de vingt-huit ans était employée de la société depuis deux ans.

" Bonjour Virginia, Thibaut avait rendez-vous avec le fournisseur de soie ce matin. Il n'est pas encore rentré alors qu'il devrait être là depuis plus d'une heure. Sais-tu où il se trouve ?
- Oui, il m'a appelée il y a environ trois quarts d'heure, Octave Vaderville, l'agent d'Olympe Belisle, le mannequin vedette pour le défilé de présentation de "Rêve d'un soir d'été" voulait le voir pour discuter des clauses du contrat. Ton mari ne devrait plus tarder à arriver. Je peux le prévenir que tu es ici, si tu veux.
- Non merci, je vais aller l'attendre, je veux lui faire la surprise." 

 

Lorsque Thibaut revint de ses rendez-vous, il fut surpris de trouver Élise qui l’attendait. En effet, sa femme n’était pas censée travailler ce jour là. Il sentit une vague d’angoisse l’envahir. 
« Chérie, que fais-tu ici ? Tu n'es pas malade au moins ? Ces derniers temps j'ai remarqué que tu n'étais pas en forme, je suis très inquiet.
- Justement, il y a quelques jours je suis allée chez le médecin pour une prise de sang et j'ai reçu les résultats ce matin.
La jeune femme regarda son mari en souriant et continua :
- Félicitations papa !


Le jeune homme fixa son épouse, l'air hébété.
- Tu veux dire que nous.......
- Oui, dans sept mois, nous aurons un bébé, d'ailleurs je le sais depuis quelques jours, j'ai fait un test de grossesse, il était positif.
- Mais pourquoi ne m'avoir rien dit ?
- Je voulais en être sûre avant de te l’annoncer.
- Je suis si heureux..... Ajouta Thibaut avec un large sourire. »
Il enveloppa sa femme de ses bras et l'embrassa passionnément.

 

Soudain, Élise se sentit mal et se précipita vers les toilettes.
Au même moment un homme blond, grand et mince approchant la quarantaine, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche décolletée entra dans le bureau, il s'agissait d'Antoine Du Trieux, le styliste.
Il vit son patron qui sautait comme un enfant sur le canapé en riant.
« Mais que se passe-t-il ici ? Soit tu es retombé en enfance, soit tu t'entraînes pour les championnats de trampoline.

 

Il cessa ses gamineries et regarda l'homme blond.
- Non, ce n'est pas ça, je vais être papa dans sept mois.
- Ho.. Mais c'est une merveilleuse nouvelle ! Mais oui ! Voilà une idée, nous pourrions lancer une collection spéciale femme enceinte, des vêtements à la fois chics et élégants comme nous savons le faire chez « Prestige Couture » mais également pratiques et confortables. Les tenues de grossesse vendues en magasins ne ressemblent à rien, on dirait de vulgaires pyjamas informes. »

 

Le styliste sortit du bureau des patrons et retourna à l'atelier.
« Anne ! Evie ! Venez immédiatement ici ! Mais où sont elles encore passées ! Jamais là quand on a besoin d'elles! S'exclama t-il, irrité.

Il se rendit à la cuisine, il n'y avait que Virginia qui faisait réchauffer un morceau de pizza au four.
- Mademoiselle Bowden, avez-vous vu Anne et Evie ?
- Non, désolée, j'ignore où elles sont.
Antoine regarda l'assiette de la jeune femme, l'air dégouté.
- Qu'est ce que c'est que cette chose ?
- Une pizza classique, à laquelle j'ai rajouté un peu de menthe, de la rose, un peu de curry, et des oranges confites à la place de la mozzarella et une gousse de vanille.
- Ho my ! Je suis vraiment heureux que vous ne soyez pas styliste, car si vos goûts en matière de mode étaient semblables à ceux que vous avez en cuisine, je n'ose imaginer le désastre. » Ajouta le jeune homme blond.

 

Le soir même, chez Élise et Thibaut:

Élise sortit sur la terrasse, elle posa ses mains sur son ventre et murmura:
« Je suis si heureuse que tu sois là mon bébé, je t’aime, et j’aime ton papa plus que tout au monde. »
Soudain, elle frissonna, ce n’était pas le froid, c’était autre chose, comme la peur de quelque chose de terrible qui pouvait arriver.

À suivre


 

 




08 mars 2021

Chapitre 2 partie 1

 




Quelques jours plus tard,

En cet après-midi de début septembre, le thermomètre affichait l'agréable température de vingt-trois degrés. Élise décida de profiter de la piscine, elle savait qu'à cette période de l'année, il ferait bientôt trop frais pour nager. La jeune femme de trente ans regrettait parfois l'époque où elle vivait encore chez ses beaux-parents. Elle pouvait se baigner toute l'année car ils possédaient un grand bassin intérieur.

 flashback

  Avant les noces, le couple a vécu six mois dans l'immense demeure des parents de Thibaut. Puis vint pour eux le moment d'acquérir leur propre maison. Le jeune homme jeta son dévolu sur une très imposante et onéreuse bâtisse de trois étages avec deux jacuzzis et une piscine digne des villas de stars. Son épouse, quant à elle, la trouvait très austère avec ses pierres grises et bien trop vaste. La salle de séjour à elle seule était plus grande que le rez-de-chaussée chez ses parents. Quel besoin avaient-ils d'une maison de plus de soixante dix pièces ? On pouvait y mettre une école. 

 

Élise repéra cette jolie maison enduite de stuc bleu barbeau, cette couleur si particulière l'avait immédiatement attirée. Une impression de paix et de douceur se dégageait de cet endroit. Il y avait un bassin, certes, pas aussi grand que celui de ses beaux-parents, mais cela lui convenait parfaitement. Six chambres, cinq salles de bains, une spacieuse entrée, une grande cuisine, un vaste séjour avec un coin jeux pour les enfants, un grand salon, cela était suffisant pour un jeune couple et même une famille avec plusieurs enfants. Les extérieurs eux aussi avaient du charme avec cette piscine, les deux terrasses, une petite à l'avant de la maison, une plus grande à l'arrière, l'idéal pour prendre les repas l'été.

Thibaut quant à lui n'était guère attiré par cette maison qu'il trouvait bien petite et sans charme particulier si ce n'est la couleur des murs extérieurs. Pour son épouse, elle était immense et magnifique. Cela n'avait rien de surprenant, le jeune homme vivait dans le grand luxe depuis sa naissance. sa demeure comportait pas moins de quinze chambres, dont certaines avec salle d'eau privative, une grande piscine intérieure, une terrasse avec jacuzzi, une salle de sport, un cinéma. Certains sols étaient en marbre de Carrare arabescato, l'un des plus chers. Des lustres en cristal de Murano ornaient le plafond de la salle de séjour, des meubles sur mesures en bois massif magnifiaient les pièces.Tout dans cette demeure respirait le prestige, donc il ne fallait pas s'étonner que la maison bleue ne lui plaise pas plus que cela.

Pour la jeune femme, elle n'avait rien d'exigüe, elle avait toujours habité dans une maison toute simple avec des pièces de petite taille, une seule salle de bain à l'étage, une salle à manger, une cuisine peu spacieuse, une chambre minuscule, même celle qu'elle avait à l'université était plus grande. Tous les meubles provenaient d'un magasin spécialisé en ville, ils étaient fabriqués à la chaîne et ne valaient pas très chers. Sa piscine était un simple bassin en plastique gonflable qui n'avait coûté qu'une vingtaine de francs au début des années 80.

 

Ils visitèrent les deux maisons, l'immense bâtisse en pierre grise ne s'avéra finalement pas intéressante, des pièces trop grandes donc difficiles à aménager, de plus, de nombreux travaux étaient à prévoir, notamment le remplacement de l'escalier qui menait au troisième étage. Ils acquirent donc la maison bleue. Ils changèrent tous les revêtements muraux, ils optèrent pour des papiers peints floraux bleus, sauf pour la cuisine, ils engagèrent un professionnel du bâtiment qui leur peignit les murs en vert clair avec des fleurs rose pâle. Pour la chambre, ils se rendirent dans un magasin de meubles de grand luxe où les parents de Thibaut avaient leurs habitudes depuis des années. Ils firent l'acquisition d'une chambre nommée « Reine Élise », elle se composait d'un lit à baldaquin en bois précieux et de ses meubles et sa tapisserie assortis, le tout dans les tons rouge moyen et or. L'une des chambres fut convertie en bureau. Celle qui se situait auprès de la leur serait pour le bébé, ils l’aménageraient en temps voulu. 

 fin du flashback

La jeune femme se baignait lorsqu'elle fut prise d'un nouveau malaise. Elle sortit de l'eau et se rendit au salon et s'assit sur le canapé, Thibaut n'était pas là. Gabrielle l'employée de maison qui s'apprêtait à rentrer chez elle remarqua la pâleur de son employeuse.
« Madame Chatigny, est-ce que tout va bien ? Puis-je faire quelque chose pour vous ?
-Non, ce n'est rien, j'ai un peu trop forcé sur le sport, c'est tout, vous pouvez disposer.

 

Élise caressa doucement son ventre. Et si tous ses symptômes cachaient une grossesse ? Depuis un moment déjà, elle pensait être enceinte, elle espérait que ce soit le cas, le jeune couple envisageait d'avoir un enfant rapidement. 

 

Prestement, elle se dirigea vers les toilettes où elle effectua un test. Après quelques minutes, elle lut le résultat, il était positif. La jeune femme était aux anges, cependant, elle préféra prendre un rendez-vous chez son médecin pour une prise de sang afin de confirmer tout cela. 

Le surlendemain, elle reçut les résultats de son analyse sanguine, elle était enceinte de deux mois. Elle était heureuse. Elle devait l'annoncer à son époux. Elle monta dans sa chambre et se changea, elle opta pour un chemisier blanc à pois bleu foncé, un pantalon du même bleu et la veste assortie. Il était  fort inconvenant pour elle de se rendre chez  "Prestige Couture" vêtue d'un survêtement.

 

 

à suivre